Le mécénat des Guise. Art, religion et politique au milieu du XVIe siècle
Ian Wardropper
Ian Wardropper, "Le mécénat des Guise. Art, religion et politique au milieu du XVIe siècle", dans Revue de l’Art, année 1991, volume 94, numéro 94, p. 27-44.
Extrait de l’article
Les Guise sont l’une des familles les plus importantes du milieu du XVIe siècle en France. Catholiques militants, célèbres pour leur hostilité envers les protestants pendant les guerres de Religion, ils furent aussi d’importants protecteurs des arts dans le moment de calme relatif compris entre 1350 et 1560. Trois commandes datant de cette période illustrent leur contribution au patrimoine artistique français : le tombeau de Claude de Lorraine, premier duc de Guise, à Joinville (1550-1552), le cycle de fresques dans la chapelle de l’hôtel de Guise, à Paris (1556-1557), et la décoration de la grotte de Meudon (après 1552).
Si l’on réunit les fragments épars et si l’on analyse les dessins, on peut restituer l’aspect originel de ces monuments aujourd’hui détruits. Ils présentent des liens de parenté étroits dans leur style et dans leurs thèmes, malgré la disparité des sites : château familial, hôtel particulier parisien, demeure de plaisance aux abords de la capitale. Cette unité de conception était prévisible, puisque les trois projets furent confiés au même homme, Primatice, l’artiste le plus en vue en France à cette époque. La diversité même des moyens d’expression, depuis la sculpture jusqu’à la fresque et au mélange des deux, ne fait que refléter la multiplicité des talents de l’artiste, qui a déjà allié ces différentes techniques à Fontainebleau, dans la grotte des Pins, la chambre de la duchesse d’Etampes et la galerie d’Ulysse. En passant des commandes à cette personnalité brillante et à d’autres artistes italiens travaillant en France tels Nicolò dell’Abate et Domenico del Barbiere, les Guise encourageaient l’art le plus novateur