Philippe d’Orléans collectionneur
Françoise Madrus
Madrus, Françoise. Philippe d’Orléans collectionneur, Cahiers Saint-Simon, n° 34, 2006. Philippe d’Orléans, p. 23-34.
Extrait de l’article
Nous ne traiterons pas dans cette communication de la collection de Philippe d’Orléans mais bien du régent, collectionneur de tableaux. Nous tenterons d’appréhender la manière dont le régent a constitué sa collection de maîtres anciens. Nous chercherons à savoir comment s’est formé son goût. Il conviendra plus de montrer ce que nous apprend la collection et ce que l’on peut en apprendre sur la personnalité du régent.
A première vue, la relation entre Saint-Simon et Philippe d’Orléans porte peu sur les arts. Pourtant Saint-Simon dresse un portrait édifiant du duc d’Orléans, collectionneur dans ses Mémoires.
«Il se jeta dans la peinture après que le grand goût de la chimie fut passé ou amorti par tout ce qui s’en était si cruellement publié. Il peignait presque toute l’après-dînée à Versailles et à Marly. Il se connaissait fort en tableaux, il les aimait, il en ramassait et il en fit une collection qui en nombre et en perfection ne le cédait pas aux tableaux de la couronne. »
Saint-Simon ne ménage pas comme on le sait la personnalité du duc bien qu’il en soit l’ami. Il a le privilège de l’avoir connu jeune, de l’avoir vu évoluer à la Cour entre disgrâce et soumission. Il brosse de lui un portrait sans aucun doute proche de la vérité. Personnage faible, influençable, mais doté des plus grandes qualités qui sont celles d’un prince du plus haut rang. Visiblement peu préparé à régner, il se livra « au néant et à l’ennui » comme le conclut assez durement Saint-Simon. Entre ces deux abîmes, il y eut une place véritable pour les arts.