À la barbe d’Haussmann
Dominique Jarrasé
Jarrasé, Dominique, À la barbe d’Haussmann, dans Revue de l’Art, 1989, Volume 84, p. 81-82.
Le musée Carnavalet conserve une énigmatique caricature de l’architecte parisien Gabriel Davioud (1824-1881). Répertoriée en tant qu’autoportrait par le musée, elle est présentée par l’auteur comme la « charge » demandée par un dédicataire dont le nom est en partie effacé. En fait, elle semble relever de la satire, bien fournie tout au long du Second Empire, du baron Haussmann. Le préfet ne serait pas ici croqué en « démolisseur », en « castor » ou en tamiseur de monnaie, mais en géomètre-vérificateur.
De Davioud, on conserve des carnets de dessin renfermant au milieu d’esquisses scolaires, des caricatures liées aux événements de 1848 ; et cette part de l’art n’était pas la moins cultivée dans les ateliers de l’Ecole des Beaux-Arts. Bien des détails demeurent ici mystérieux, toutefois il est possible d’y reconnaître, par delà toute identification précise, un commentaire mordant des méthodes rigoureuses employées dans la transformation de Paris et, plus particulièrement, du fonctionnement du Service du Plan, « où la géométrie et le dessin graphique jouent un rôle plus important que l’architecture proprement dite ».