Du portrait malgré lui à la grâce intemporelle du visage [Jean-Antoine Houdon (1741-1828)]
Valérie Roger
Valérie Roger, « Du portrait malgré lui à la grâce intemporelle du visage », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Articles, mis en ligne le 13 juin 2008. URL : http://crcv.revues.org/document3323.html.
Résumé de l’article
Jean-Antoine Houdon, natif de Versailles, fut baptisé paroisse Saint-Louis, le 23 mars 1741. Il était le fils de Jacques Houdon, domestique chez M. de La Motte. Sa mère, Anne Rabache, était la fille de jardiniers du château. Dès l’âge de huit ans, l’enfant eut la chance, malgré ses origines sociales, de pouvoir côtoyer, à Paris, les artistes de l’École royale des élèves protégés. Son père venait en effet d’être nommé concierge de la Petite École. C’est en ce lieu prestigieux que la sculpture s’imposa peu à peu à lui et qu’il emprunta à son tour la voie de ses aînés. Prix de Rome, il exposait à son premier Salon parisien, en 1769, les œuvres conçues durant ses années de pensionnat à l’Académie de France. Il avait pu s’y exercer aux diverses manières, s’inspirant de l’Antiquité et de la grande statuaire classique et baroque. Dès ses débuts, il donna l’ampleur de son talent, s’inscrivant dans une tradition avec liberté.
Remarqué pour ses aptitudes particulières, il reçut bientôt ses premières commandes. Introduit par Diderot auprès des cours étrangères, il s’affirma dans l’art du portrait. Peu à peu, toutes les personnalités de l’époque voulurent poser pour l’artiste. Écarté des grandes commandes royales, il se cantonna ainsi au rang jugé mineur de la figuration humaine.
Devenu maître incontesté du genre, portraitiste des Lumières, il resta le témoin impassible de l’Ancien Régime jusqu’au Consulat et à l’Empire. Princes, aristocrates, grand commis du roi, philosophes et encyclopédistes, artistes, savants, tous se prêtèrent à l’exercice de son art. C’est ainsi qu’est parvenue jusqu’à nous une fascinante galerie de bustes d’hommes et de femmes, figures d’un temps, immortalisées dans la terre, le plâtre, le marbre ou le bronze. Expressions et regards, vies intenses jaillissent des portraits de l’artiste, par-delà les divers âges de la vie, les sexes, les fonctions, les rangs et les modes, atteignant pour certains aux chefs-d’œuvre de l’art universel.