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Du roi et de ses finances. A propos d’une toile de Claude Vignon

Philippe Hamon

Hamon P., « Du roi et de ses finances », Actes de la recherche en sciences sociales 2004/4, no 154, p. 46-52.

Extrait de l’article

En 1872, le musée des Beaux-Arts de Tours reçoit du Louvre un tableau signé de Claude Vignon [1]. Son sujet n’est pas évident et c’est en 1911 que le chanoine Bosseboeuf propose une identification durable : sur les cimaises tourangelles, la toile est désormais intitulée Crésus recevant le tribut d’un paysan de Lydie. Un tel sujet est évidemment très alléchant pour l’historien. Au-delà d’un rapprochement bien connu entre Crésus et les premières frappes de monnaies d’or et d’argent, il s’agirait donc d’une peinture du prélèvement fiscal, et d’une peinture selon toute apparence critique, si l’on en juge par la forme picturale que prend la confrontation entre monarque et contribuable. Pour une toile datée de 1629, alors que les sujets du roi de France font l’objet d’un véritable « tour de vis fiscal » depuis quelques années, l’enjeu idéologique apparaît de première importance.

Pourtant, quand on s’attache de plus près à l’œuvre, de nombreuses interrogations surgissent. Dès qu’on s’efforce de replacer le tableau de Vignon dans le cadre des pratiques de représentation en vigueur dans la peinture du temps, sa désignation apparaît problématique. Il s’agit en effet d’une « peinture d’histoire », pour reprendre la terminologie des genres, alors en voie d’élaboration, et qui place ce type d’œuvre au sommet de la hiérarchie ainsi créée. Ce « grand genre » correspond à une illustration directe d’épisodes religieux, mythologiques ou historiques, sauf à recourir au registre de l’allégorie.

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