L’instrumentalisation des Provinces-Unies dans l’iconographie de Versailles
Andreas Nijenhuis
Andreas Nijenhuis, L’instrumentalisation des Provinces-Unies dans l’iconographie de Versailles, dans XVIIe siècle, n° 210, 2001/1, p. 75-98.
Extrait de l’article
Le règne de Louis XIV coïncide avec le Grand Siècle de la France. Après une longue période de troubles religieux et politiques, le royaume retrouve, au XVIIe siècle, une stabilité intérieure. Les guerres de Religion (1562-1598) ont, sans doute, été aussi traumatisantes pour les XVIIe et XVIIIe siècles que la Révolution française a pu l’être pour les XIXe et XXe siècles. Le rétablissement de la paix et de l’ordre du royaume est donc une réussite majeure.
L’échec de la Fronde (1648-1653) consacre les efforts de modernisation et de centralisation du pouvoir, et le règne personnel du Roi-Soleil (1661-1715) symbolise par excellence la monarchie absolue.
"Le jeune roi séducteur et pugnace qui hérite d’un sceptre écorné par la Fronde va faire des premières années de son règne une suite époustouflante de réussites. Guerres pleines de panache, affirmation de l’État, organisation d’un mécénat d’une rare fécondité, mise au pas du clergé, de la noblesse, et du tiers état, les trois « ordres » de la société [...]. Les immenses travaux de Versailles viendront couronner dans une ambiance de fête le triomphe de Louis et de sa monarchie absolue."
Louis XIV n’aime guère Paris, vraisemblablement à cause des troubles de la Fronde, qui ont entraîné la fuite de la famille royale de la capitale. Aussi décide-t-il, dès 1668, de s’installer avec la cour à Versailles. À cette fin, il fait remanier profondément le modeste château de chasse de son père, Louis XIII. La décision de s’établir durablement à un endroit fixe tranche avec la tradition multiséculaire de l’itinérance royale. Avec l’installation de la cour en mai 1682, le château de Versailles devient indubitablement le centre de l’État imaginé par Louis XIV : « Versailles tend à devenir le lieu principal du culte monarchique »