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La place des miniatures dans les échanges diplomatiques entre les grandes puissances européennes et la Papauté (XVIIe siècle – XVIIIe siècle) 

Maëlig Chauvin

Maëlig Chauvin, « La place des miniatures dans les échanges diplomatiques entre les grandes puissances européennes et la Papauté (XVIIe siècle – XVIIIe siècle) », Études Épistémè, 36, 2019

Extrait de l’article

À l’occasion du départ du légat extraordinaire Francesco Barberini de la cour madrilène en 1626, la reine d’Espagne offrit à ce dernier une bague ornée d’un diamant d’une valeur de 4000 écus ainsi qu’un collier qui en valait 400, tandis que son époux Philippe IV lui remettait un portrait miniature, ainsi que d’autres présents non moins précieux destinés aux autres membres de la cour. La description de ce portrait, qui représentait le souverain lui-même, subsiste dans le journal en Espagne de Cassiano dal Pozzo, membre du cortège du légat, et de Lorenzo Azzolini :

[…] un joyau de diamants attachés in foggia, comme disent les Français à rocher, c’est-à-dire en monts de diamants qui n’étaient pas taillés en facettes ; et celui au-dessus était taillé en table, mais non pas carré ; il est travaillé à la française, et l’on n’y discerne presque pas l’attache ; il peut servir de bijou, pour une femme, pour un chapeau, et pour accrocher une chape liturgique ; il s’ouvre dessous en fond de boîte, dans laquelle on trouve le portrait de Sa Majesté au naturel, réalisé cependant lorsqu’il était d’un âge moins avancé.

Ce type de portraits miniatures, de l’italien « miniatura », lui-même dérivé du verbe « miniare », signifiant « décorer avec des figures de petites dimensions », était fréquemment utilisé comme présent. Le portrait pouvait être présenté dans un cadre, monté en bijoux, serti dans une tabatière ou encore incrusté de diamants et autres pierres précieuses. La taille de ces miniatures en faisait un exemple de présent pratique à envoyer dans les grandes cours européennes. Dans le cas des échanges diplomatiques, ils pouvaient « présenter » de manière plus ou moins ressemblante une épouse potentielle à un souverain, servir de souvenir d’une rencontre ou même mettre en valeur un personnage en le magnifiant et en l’embellissant. Plus facilement transportables que les grands portraits peints sur toile, les miniatures, diffusées à l’échelle européenne, étaient donc principalement offertes à l’occasion de visites officielles, mariages, et d’évènements politiques depuis la Renaissance.

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