Le Salon officiel et la peinture européenne (1855-1889) : méthodes et perspective
Laurent Cazes
Cazes, Laurent, Le Salon officiel et la peinture européenne (1855-1889) :
méthodes et perspective, Ecole doctorale 2009-2010, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, publié sur hicsa (http://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/Ecole%20doctorale/CAZES%20Laurent%20texte.pdf).
Dans le cadre du troisième chapitre de ce séminaire consacré à la diffusion de l’œuvre d’art, notre communication sur le Salon officiel proposait d’aborder différents problèmes historiographiques
et méthodologiques propres à cet objet d’étude ; ainsi qu’une perspective sur la participation des peintres étrangers au Salon dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Salon et histoire de l’art
L’opposition entre un art dit « pompier » ou « officiel », et la « bonne peinture » – celle des indépendants qui se serait progressivement libérée du carcan de la doctrine académique pour aboutir au triomphe des esthétiques dites d’ « avant-garde » – a longtemps dominé l’historiographie de l’art du
XIXe siècle, réduisant le rôle du Salon à celui de simple rempart au développement de l’art moderne. La révision de ce point de vue, qui s’est engagée depuis une quarantaine d’année, permet désormais de mieux considérer la valeur historique de cette exposition qui fut la plus importante manifestation artistique de son temps.
En détachant le Salon du mythe impressionniste pour le replacer dans la complexité du système des Beaux-arts, l’ouvrage de Harrison et Cynthia White Canvases and Careers fut l’un des premiers à proposer une analyse objective de l’institution à partir d’outils issus de la sociologie plutôt que de
l’histoire de l’art. Bien que daté et usant de méthodes discutables du point de vue de l’historien d’art, ce livre a le mérite de dégager la question du Salon de toute idéologie par son impartialité. Francis Haskell, l’un des acteurs majeurs dans cette entreprise de réévaluation, organisa à Bologne un colloque sur les « Salons, musées, galeries et leur influence sur le développement de l’art des XIXe et XXe siècles » qui enrichit considérablement la connaissance sur le sujet. Citons également la thèse
fondamentale de Pierre Vaisse sur La Troisième République et les peintres.
Cette évolution révèle que le Salon ne peut s’étudier isolément, sur le mode de la simple chronique, mais qu’il est nécessaire de replacer l’institution dans l’ensemble du système artistique de l’époque.