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Martin Fréminet, « aussi sçavant que judicieux ». A propos des modelli retrouvés pour la Chapelle de la Trinité à Fontainebleau

Dominique Cordelier

Dominique Cordellier, "Martin Fréminet, « aussi sçavant que judicieux ». A propos des modelli retrouvés pour la Chapelle de la Trinité à Fontainebleau", dans Revue de l’Art, 1988, n° 1, p. 57-72.

Extrait de l’article

« Le génie assurément n’est pas ce qui lui manque ici, mais l’art délicat de s’en servir » (L. Dimier), « La volonté de Fréminet de rompre avec le style bellifontain, tout de grâce et de douceur, qu’avait imposé Le Primatice, fut excessive : elle prélude sans charme au baroque » (S. Bé­guin), « L’œuvre a le mérite de l’ambition mais manque à la fois de force expressive et de séduction » (B. Jestaz). Martin Fréminet, l’un des peintres — avec Ambroise Du­bois et Toussaint Dubreuil — que toute histoire de l’art sous Henri IV cite pour définir une éventuelle « seconde Ecole de Fontainebleau », ne laisse pas indifférent et bien souvent les meilleurs connaisseurs de son art — comme ces citations en portent témoignage — jugent sévè­rement l’artiste en lui reconnaissant un désir passionné de se distinguer par le style, un talent exposé sans discernement, qui font de lui, au mieux, un novateur dépourvu du sens de la mesure, remarquable mais sans attrait, énergique mais impuis­sant, à coup sûr fautif par outrance.

Cette sévérité n’est pas nouvelle. Elle vient en droite ligne des histo­riographes de la seconde moitié du XVIIe siècle et de ceux du XVIIIe siècle, toujours tentés d’abolir le sens, la séduction et la portée de l’art fran­çais antérieur à la fondation de l’Académie. Et ce dédain des siècles passés a certainement porté atteinte à la mémoire de la carrière et à la conservation de l’œuvre de Martin Fréminet.

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