Pour une archéologie des peintures murales, la Chasse royale de la chapelle Sainte-Radegonde à Chinon (Indre-et-Loire) : étude technique et résultat des datations par le 14C
Amaëlle Marzais
Amaëlle Marzais, « Pour une archéologie des peintures murales, la Chasse royale de la chapelle Sainte-Radegonde à Chinon (Indre-et-Loire) : étude technique et résultat des datations par le 14C », Revue archéologique du Centre de la France, Tome 61, 2022
Extrait de l’article
Une prospection thématique et des analyses financées par le Service Régional de l’Archéologie (DRAC Centre-Val de Loire) en 2019 ont permis de traiter des aspects peu abordés d’une peinture médiévale située sur le mur nord de la nef de la chapelle troglodyte Sainte-Radegonde à Chinon (Indre-et-Loire), traditionnellement intitulée “La Chasse royale”. Son iconographie a été, à de nombreuses reprises, abordée depuis sa découverte en 1965 mais les aspects techniques, c’est-à-dire les procédés de mise en œuvre, les outils, les matériaux et les gestes employés, n’avaient pas encore été étudiés. Ainsi, la réalisation d’un relevé focalisé sur deux des cinq cavaliers a permis d’identifier et de restituer l’application successive des étapes de mise en couleurs. La datation de cette peinture, qui fait débat depuis 1990, a été établie dans l’historiographie à partir d’indices iconographiques, et plus rarement stylistiques, et varie entre la fin du XIIe et les premières années du XIIIe siècle. En 2019, le recours à l’analyse du 14C des charbons de bois prélevés dans l’enduit peint a permis de réinterroger la datation de cette œuvre et d’en situer l’exécution entre 1150 et 1200. Cette datation permet de proposer un nouveau cadre chronologique aux peintures, qui se trouvent à la charnière de mutations techniques et stylistiques. Les peintres de ces œuvres, dont la Chasse royale, ont recourt à la technique partiellement sur enduit frais et aux motifs relevant du vocabulaire roman, combinés avec un style qui présente déjà des caractéristiques marquées du XIIIe siècle tels qu’un épais cerne noir et l’abandon progressif du modelé sur les carnations.