Signe et représentation : Philippe de Champaigne et Port-Royal
Louis Marin
Louis Marin, "Signe et représentation : Philippe de Champaigne et Port-Royal", dans Annales, année 1970, volume 25, numéro 1, p. 1-29.
Extrait de l’article
Malgré les apparences, la réflexion sur le langage est au centre de la Logique de Port-Royal : langage dangereux dans la mesure où il introduit confusion et obscurité dans la pensée, langage inéluctable, cependant, puisqu’il « est nécessaire dans la logique de considérer les idées jointes aux mots et les mots joints aux idées ». Toutefois, cette réflexion n’apparaît jamais comme un problème central, mais dans les marges du discours d’Arnauld et de Nicole ; et cela pour une raison fondamentale : le mot est coextensif à l’idée, et dès lors, l’espace du langage recouvre exactement — et normativement — le monde des idées. L’idéal du langage est celui d’un langage qui s’oublie devant l’idée, qui s’efface comme pure transparence devant elle, dont, cependant, il permet seul la communication. C’est en ce sens que le langage est système de signification, que le mot est signe.