Extrait de l’article

Depuis la fin de l’hiver de 2005-2006, de petites cabanes vertes fleurissent régulièrement dans les jardins du château. Elles correspondent aux chantiers de restauration permis par la campagne de mécénat lancée durant l’année 2005. Le succès rencontré par cette campagne invite à revenir sur l’histoire matérielle de l’exceptionnelle collection formée par les sculptures des jardins du château et de Trianon, dont l’état, aujourd’hui bien préoccupant, nécessite de trouver assez rapidement des solutions adaptées.

Il peut sembler austère d’aborder les sculptures des jardins de Versailles sous l’angle de leur histoire matérielle. Mais l’histoire de l’art, comme l’histoire, se fonde sur une critique et une évaluation des sources conservées. Envisager de la sorte les œuvres d’art qui composent le corpus versaillais est un préalable nécessaire à tout discours d’ordre esthétique. D’autant que les conditions de leur transmission matérielle ont parfois très lourdement pesé sur les possibilités actuelles d’une juste appréciation. Ce regard peut-être moins gratifiant accorde une grande importance aux documents d’archives susceptibles d’apporter des renseignements sur les travaux d’entretien, les interventions des restaurateurs, les divers accidents subis par les œuvres. Avant de participer de la grande histoire de l’art, qui traite des formes, des influences et des significations, c’est aussi un regard clinique, apparenté à celui du restaurateur chargé d’intervenir sur l’œuvre, profondément ému aussi devant la perspective de la perte programmée, à plus ou moins long terme, de ce patrimoine d’exception. Cette perspective n’est pas inéluctable, et c’est pourquoi cet article entend contribuer à attirer l’attention sur le sort des sculptures des jardins de Versailles.

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