La statue de saint Louis à Mainneville (Eure)
Paul Deschamps
Deschamps Paul, « La statue de saint Louis à Mainneville (Eure) », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 37, 1940, p. 120-133.
Extrait de l’article
À l’occasion de l’Exposition universelle de 1937, un certain nombre de chefs-d’œuvres de l’Art français, dont quelques-uns fort peu connus, furent rassemblés dans le nouveau Palais construit quai de Tokio.
Parmi ceux-ci se trouvait la statue de saint Louis conservée dans l’église de Mainneville et provenant de la chapelle aujourd’hui détruite du château de Mainneville.
Après l’Exposition, la statue demeura quelque temps à l’atelier des Musées nationaux pour l’exécution d’un moulage destiné au Musée des Monuments français du Palais de Chaillot. Au cours de ce travail, on découvrit que, sous un badigeon d’un ton de pierre, la statue avait conservé sa peinture originelle consistant surtout en un manteau bleu fleurdelisé d’or.
Dans son livre sur l’église d’Écouis, le savant Louis Régnier a étudié cette statue. Avant de la décrire à nouveau et de parler de la peinture qui la décore, nous rappellerons son histoire.
Elle fut exécutée grâce à la munificence d’Enguerrand de Marigny, premier ministre de Philippe le Bel. Ce Normand de très modeste origine naquit en 1260 tout près de là, à Lyons-la-Forêt. Écuyer d’Hugues de Bouville, l’un des conseillers de Philippe le Bel, Enguerrand était en 1298 pannetier dans la maison de la reine Jeanne à laquelle il dut sa prodigieuse élévation. Dans les dernières années du règne, il jouissait d’une autorité sans limite, était maître absolu du gouvernement des finances et possédait « tous les secrets du royaume ».