Martin Cloistre, de Blois, et Benoît Bonberault, d’Orléans, sculpteurs du XVIe siècle. Histoire du tombeau élevé à Guillaume de Montmorency et à sa femme Anne Pot, dans l’église Saint-Martin de Montmorency
Anatole de Montaiglon
Anatole De Montaiglon, "Martin Cloistre, de Blois, et Benoît Bonberault, d’Orléans, sculpteurs du XVIe siècle. Histoire du tombeau élevé à Guillaume de Montmorency et à sa femme Anne Pot, dans l’église Saint-Martin de Montmorency", dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, année 1851, volume 12, numéro 1, p. 264 - 278.
Extrait de l’article
L’église actuelle de Montmorency, commencée avant 1525 par le baron Guillaume, père du connétable, continuée par celui-ci, achevée au dix-septième siècle par les Condé, est sans importance sous le rapport architectural ; son plan n’a rien que d’ordinaire, et elle est bâtie avec la lourde et sèche nudité du gothique du seizième siècle. Autrefois cependant, elle était célèbre à la fois et importante, mais par les monuments qu’elle renfermait et par ses vitraux. Maintenant elle est veuve et dépouillée de ses splendeurs. Ses vitraux ne nous sont parvenus que mutilés, et ceux de ses monuments qui n’ont pas péri sont perdus pour elle, puisqu’ils sont conservés ailleurs.
Ainsi, le beau portrait en buste du vieux Guillaume, admirable morceau de peinture française, plus large et plus puissant que les portraits mêmes de Janet, autrefois suspendu dans le chœur au premier pilier de droite, se voit maintenant au Louvre : ainsi, les deux statues couchées du connétable et de sa femme, Marguerite de Savoie-Tende, ouvrage de Barthélémy Prieur, recueillies d’abord aux Petits-Augustins, se voient maintenant à Versailles, mais n’ont plus de personnalité, pour ainsi dire, dans une de ces longues galeries, où le plâtre étouffe le marbre ; ainsi, quatre des dix colonnes de ce même tombeau sont maintenant au Musée du Louvre ; ce sont les admirables colonnes de vert antique, qu’on voit dans la salle de la Vénus de Milo, aux deux côtés de la statue du Tibre ; on les voyait autrefois dans la salle de la Pallas. L’inventaire ne les indiquerait pas, comme venant de Montmorency que la dimension suffirait pour établir l’identité : Lenoir donnait 11 pieds, 2 pouces, 7 ligues, comme la dimension des colonnes du tombeau ; c’est la mesure même de celles de la salle du Tibre.