Le baroque, la France et l’Europe
Bernard Chédozeau
Bernard Chédozeau, Le baroque, la France et l’Europe, dans Bulletin de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, année 2008, n° 38, p. 25-33.
Extrait de l’article
Bien qu’il soit largement reçu en musique et accepté dans les domaines architecturaux et artistiques, le terme de baroque reste controversé. Il soulève en effet des questions qui touchent à l’identité propre à la France. Pour accepter le baroque et pour pouvoir le penser, il est en effet nécessaire d’accepter la réhabilitation de perspectives que l’anthropologie officielle et la culture universitaire ont toujours récusées d’un point de vue nationaliste.
Il faut d’abord accepter la réalité d’un croissant baroque qui, du Portugal et de l’Espagne jusqu’à la Hongrie, distingue un champ sud-européen peu prisé des peuples du nord qui se sont construits contre lui ; ce croissant baroque n’inclut pas la France.
Il faut ensuite accepter l’idée que cet ensemble baroque a voulu se définir à la fois contre la Réforme protestante, bien sûr, mais aussi (dans les pays italiens et danubiens) contre l’Islam et contre l’Ottoman ; c’est alors contre le protestant et contre le Turc musulman que s’affirme une civilisation de l’image et de la coupole.
Il faut encore accepter la valeur positive des grandes perspectives de la dévotion catholique tridentine, la transmission orale, l’affectivité et la convivialité, c’est-à-dire des valeurs que récuse en France l’autre interprétation des décrets tridentins, l’interprétation de Port-Royal, qui fait plutôt confiance à l’écrit, à l’intellect, à l’individu.
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