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30 sept. 2018, Versailles : Réseaux et sociabilité à la cour

Pour son programme triennal 2017-2019, le Centre de recherche du château de Versailles a lancé un axe de recherche sur « Réseaux et sociabilité à la cour » et souhaite publier des articles relatifs à cette thématique sur le Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles.

Argumentaire
La cour représentait un véritable creuset de la société de l’Ancien Régime. S’y côtoyaient non seulement la famille royale, les grands seigneurs mais aussi tout une foule de titulaires de charges plus ou moins importantes qui permettait le bon fonctionnement de cette mécanique.

À l’exception du prince et de sa famille, cet ensemble hétérogène constituait la domesticité royale et, pour être logé « au Louvre » (i.e. dans la résidence où couchait le roi), chacun devait posséder une charge auprès de l’un des membres de la famille royale. À l’intérieur de ce microcosme, des liens ne manquaient pas de se créer. Un service assidu et efficace auprès du roi et de sa famille permettait la création de grandes dynasties curiales qui connurent, entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, de grandes ascensions. Il en était ainsi particulièrement des domestiques qui approchaient directement le souverain ou la souveraine. Juridiquement, il était interdit de posséder un autre office dès lors que l’on était officier commensal. Ceci restait théorique car la proximité avec le pouvoir royal entraînait nécessairement l’octroi de nouvelles charges, souvent plus lucratives que la principale… Il n’était pas rare ainsi de cumuler une charge de valet de chambre avec celle de concierge voire d’intendant d’un château royal. Les détenteurs de charges occupaient progressivement des postes clefs de l’administration du château, permettant de placer toute leur progéniture dans les différentes places qu’ils avaient accumulées.

Tous ces personnages tissaient généralement entre eux des liens sociaux très importants qui souvent se matérialisaient par des alliances matrimoniales : un valet de chambre du roi épousait une femme de chambre de la reine, un apothicaire une fille de médecin, etc. Les mariages se négociaient sur des paris sur l’avenir et l’on n’hésitait pas à payer une dot importante pour une fille car on comptait récupérer une charge significative dans la nouvelle belle-famille. C’étaient par ces petits pas que se faisait patiemment une ascension dynastique. Plusieurs familles en sont de parfaits exemples.

Ce « monde » qui entourait la famille royale constituait une sorte de gens romana, composée de clans familiaux qui accaparaient toutes les charges principales, bien loin de la spécificité des offices qui, à l’origine, ne devaient pas être vendus mais être attribués suivant le principe du bon discernement royal. La vénalité des offices (c’est-à-dire la possibilité de les vendre entre particuliers) était née de la nécessité impérieuse de la monarchie de gagner de l’argent. Madame Palatine, belle-sœur de Louis XIV ne s’y trompait pas quand, rappelant ses souvenirs de la cour louis-quatorzienne, elle déplorait d’être servie : « lorsque le roi mangeait avec les dames ou en voyage, (…) par des gens qui n’étaient pas gentilshommes. Anciennement, tous les officiers du roi, tels que ceux de l’échansonnerie, du gobelet, du fruit, etc. étaient gentilshommes ; mais depuis que la noblesse est devenue pauvre, et que toutes les charges se sont payées cher, il a fallu prendre de bons bourgeois qui eussent de l’argent ». Les titulaires retenus continuaient toutefois de faire l’objet d’enquête de bonne vie et bonne mœurs, mais la royauté ne contrôlait plus directement les recrutements, ce que Saint-Simon critiquait vivement au début du règne de Louis XV en tentant de convaincre le Régent de reprendre la main sur la distribution des offices…

Axes thématiques (non exhaustif)
Les propositions d’articles pourront s’inscrire dans une ou plusieurs des thématiques et questions suivantes :

  • la compréhension et la définition de la nomenclature des charges auliques ;
  • l’historique et la continuité de chacune des charges auliques ;
  • les modes de transmission et d’acquisition (survivances, acquisitions directes, parties casuelles…) ;
  • la typologie des réseaux : familiaux, sociaux, géographiques et topographiques internes à la cour ; financiers, de charges (esprit de castes), religieux, etc. ?
  • les réseaux d’influence, les coteries… ;
  • les mécanismes d’ascension sociale ;
  • la hiérarchisation interne des maisons royales et princières et voir s’il existait des cloisonnements par département ou service ;
  • l’identification des familles les plus influentes de la cour avec la création de dynasties.

Soumission et évaluation d’un article
Dans un premier temps, les propositions d’articles (sous forme de résumés d’environ 5 000 signes) devront être adressées à Mathieu da Vinha en français ou en anglais. Ces propositions seront examinées par le comité scientifique.

Si les propositions sont retenues par le comité scientifique, les articles complets seront évalués à la fois par ce dernier et par deux évaluateurs du comité de lecture du Centre de recherche du château de Versailles (ou par des personnalités extérieures désignées par le comité de lecture ou le comité scientifique le cas échéant).

Les propositions d’articles doivent être soumises avant le 30 septembre 2018. Les auteurs devront fournir :

Nom et prénom du/des auteur(s), institution de rattachement, courrier électronique ;
Titre de l’article ;
Une proposition de 5 000 signes précisant le sujet et la problématique de l’article, le cadre théorique, la méthodologie, les sources et les principales références bibliographiques utilisées ;
Un curriculum vitae abrégé.
Les articles définitifs seront d’environ 40 000 signes (bibliographie et notes de bas de pages comprises).

Les auteurs devront se conformer aux normes rédactionnelles du Bulletin.

Comité de pilotage
Direction programme : Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles.

Équipe :

Aurélie Chatenet-Calyste, maître de conférences en histoire moderne à l’université de Lorraine ;
Daniel Dessert, historien ;
Anne-Madeleine Goulet, chargée de recherche au CNRS (UMR 7323) au Centre d’études supérieures de la Renaissance ;
Sandrine Jauneau, chargée de recherche au Centre de recherche du château de Versailles ;
Nicole Lallement, chargée d’études documentaires au Centre de recherche du château de Versailles ;
Pauline Lemaigre-Gaffier, maître de conférences d’histoire moderne à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines ;
Alexandre Maral, conservateur général du patrimoine, directeur du Centre de recherche du château de Versailles ;
Pascale Mormiche, docteur en histoire moderne et agrégée de l’université, PRAG à l’université de Cergy-Pontoise ;
Benjamin Ringot, adjoint au directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles.