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Les études sur les femmes et le genre

Mélinda Caron

Caron, Mélinda, « Les études sur les femmes et le genre », Dix-huitième siècle, vol. 46, no. 1, 2014, p. 219-234.

Extrait de l’article

Signe de la levée de résistances ayant longtemps caractérisé la recherche en France, ce bilan des études sur les femmes et le genre, qui se décline en deux temps, est le premier à trouver place dans la revue Dix-Huitième Siècle. En 1998, Michel Delon en soulignait l’absence dans le dernier numéro présentant les Perspectives de la recherche, bien que les fertiles travaux auxquels ces études avaient donné forme aient trouvé place, ça et là, dans quelques articles. En adoptant comme borne temporelle le dossier qui, depuis, a été consacré aux Femmes des Lumières, l’objectif de cette contribution sera de dégager les perspectives privilégiées dans ce champ au cours de la dernière décennie. À l’image de son caractère pluridisciplinaire, l’on ne saurait y faire l’économie de problématiques qui traversent l’ensemble des périodes et des aires culturelles qui occupent les spécialistes du genre et des approches développées dans son sillage. Les parutions récentes sur le corps et les processus de domination ont contribué à renouveler les études sur le XVIIIe siècle, époque charnière faisant se multiplier les questionnements liés aux sexualités, à l’androgynie et au travestissement. Le nombre de collectifs auxquels ce type d’enquête a donné lieu indique l’importance qu’y occupe le dialogue interdisciplinaire, tout comme les lieux de publication qui les accueillent. En outre, plusieurs entreprises éditoriales donnent de plus en plus accès à des écrits qui occupent déjà – ou gagnent ainsi – leur place dans une historiographie qu’il est devenu impératif d’interroger. Dans le domaine de la littérature, les travaux recoupent pour la plupart la division des genres littéraires, qui ont présidé à la composition de nouvelles anthologies. Réflexions pédagogiques et pratiques d’écriture, réception et adaptation des textes ont aussi attiré l’attention, notamment à l’échelle européenne, sans parler des « romans de femmes », dont on tente de circonscrire les particularités génériques. Qu’il favorise une approche théorique interrogeant la construction du rapport à l’autre, ou qu’il préside au rassemblement de corpus produits par des femmes, le concept de genre, on le verra, ne permet plus de brosser le même tableau du siècle des Lumières, son éclairage donnant désormais à voir, parmi ses acteurs, de nombreuses actrices.

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