La cour de France sous Louis XVI, un système en décadence ? L’exemple de la maison des enfants de France
Hélène Becquet
Hélène Becquet « La cour de France sous Louis XVI, un système en décadence ? », Dix-huitième siècle, 1, 2006 (n° 38), p. 407-428.
Extrait de l’article
La cour de France au 18e siècle est généralement regardée comme la pâle copie de celle de Louis XIV. Les débauches de Louis XV, la rustrerie de Louis XVI, le favoritisme de Marie-Antoinette seraient venus à bout de la vénérable institution qui ne serait plus qu’une coquille vide à la veille de la Révolution. Le récent ouvrage de Bernard Hours fait justice de ces préjugés pour le règne de Louis XV.
Cependant, le règne de Louis XVI est laissé dans l’ombre. La scène historiographique est occupée par sa femme, Marie-Antoinette d’Autriche, qui domine l’histoire, plus ou moins anecdotique, de la cour de cette période. Pourtant, on ne peut réduire cette cour à une série d’historiettes et de rumeurs. La cour est l’écrin du pouvoir, l’endroit où le roi se révèle aux courtisans en premier lieu mais aussi à son peuple. La représentation du pouvoir, son rayonnement se jouent à Versailles. De là partent éloges et calomnies qui traversent ensuite tout le pays. De ce point de vue, la Ville ne l’a pas tout à fait emporté sur la Cour. L’étude de la cour est essentielle dans la compréhension du système monarchique de la fin du 18e siècle. Dans l’historiographie, la monarchie de la fin de l’Ancien Régime est soumise à un préjugé défavorable car on la mesure à l’aune de son échec. Désacralisée, vilipendée, la monarchie de Louis XVI aurait été à bout de souffle et ne pouvait qu’échouer dans tout désir de réformes. Il faut corriger cette image toute faite.