La fabrique du corps royal : les maximes d’éducation pour le jeune Louis XIV
Stanis Perez
Perez S., « La fabrique du corps royal : les maximes d’éducation pour le jeune Louis XIV », La lettre de l’enfance et de l’adolescence 2004/4, no 58, p. 115-122.
Extrait de l’article
Jusque dans les années 1970, les historiens ont cru que, dans le passé, les enfants faisaient l’objet d’une certaine indifférence en matière de soins quotidiens et d’hygiène de vie. Cette conception pessimiste s’appuyait sur une vision réductrice considérant comme épouvantables les conditions d’éducation des plus jeunes. Le terrible emmaillotement limitant les mouvements du nourrisson et la traumatisante mise en nourrice semblaient cautionner la théorie d’une disette affective évoluant au détour du xviie siècle. Sous la plume de nombreux auteurs, l’enfant de l’Ancien Régime, avant d’atteindre l’âge de raison et par là même le début d’une véritable socialisation, ressemblait à une petite créature aussi fragile qu’embarrassante.
Pourtant, bien des documents révèlent que les us et coutumes en matière d’éducation des plus jeunes dépassent cette mise à l’écart qu’une forte mortalité infantile expliquerait un peu trop rapidement. Dans les foyers privilégiés, mais pas seulement, l’enfant faisait l’objet de soins spécifiques à sa condition sociale à venir.