Le « mythe » d’Arthur : la royauté et l’idéologie
Katharina Holzermayr
Holzermayr Katharina. Le « mythe » d’Arthur : la royauté et l’idéologie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 39e année, N. 3, 1984. p. 480-494.
Extrait de l’article
La fonction du roi Arthur dans la littérature romanesque du XIIe siècle a été définie (surtout en ce qui concerne l’œuvre de Chrétien de Troyes) comme « la personnification d’un principe » — ce principe étant un « état supranational », soustrait à l’emprise d’un souverain centralisateur, et dont les aspirations universalistes se fondent sur la vertu d’une chevalerie parfaite. L’Arthur romanesque serait, selon E. Köhler, un des moyens d’affirmation des rois normands et angevins — vassaux du roi de France, qui cherchent à sauvegarder leurs prérogatives vis-à-vis d’une royauté française revigorée.
Dans l’Historia Regum Britanniae de Geoffroi de Monmouth, Arthur et son royaume légendaire sont (...) les moyens d’une fin très concrète. Il est permis de supposer a priori qu’il en va de même pour l’Arthur du roman, mais de façon plus vague et plus générale, parce qu’il est au service d’une couche de la féodalité courtoise qui prend tout juste conscience de soi.