Les États généraux de Bourgogne : un gouvernement provincial au siècle des Lumières
Julian Swann
Julian Swann « Les États généraux de Bourgogne : un gouvernement provincial au siècle des Lumières », Revue d’histoire moderne et contemporaine 2/2006 (no 53-2), p. 35-69.
Extrait de l’article
La possibilité de faire renaître les gouvernements provinciaux fut l’une des questions politiques les plus vivement débattues dans la France du XVIIIe siècle. Tout au long des dernières décennies du règne personnel de Louis XIV, si marquées par les guerres, des penseurs aristocratiques tels que Fénelon ou le duc de Saint-Simon avaient déjà débattu de la réactivation ou de la création d’États provinciaux à travers le royaume, et avaient même envisagé la convocation d’États généraux. Mais ces idées restèrent celles d’un cercle restreint de courtisans et ne furent jamais rendues publiques. Ce fut surtout le marquis de Mirabeau qui non seulement réactiva cet intérêt pour les États provinciaux, mais éveilla également celui de l’opinion publique, en publiant en 1750 un ouvrage d’une grande importance pour notre sujet, son Mémoire concernant l’utilité des États provinciaux. Pendant la guerre de Sept Ans, plusieurs parlements, notamment celui de Rouen, avaient explicitement réclamé la restauration de leurs États provinciaux. Louis XV et ses ministres avaient effectivement envisagé des projets de ce genre, et, en privé, certains avaient aussi réfléchi à l’intérêt de convoquer des États généraux. Ces idées ne furent cependant jamais concrétisées, et les conflits avec les parlements, aboutissant à la peu glorieuse contre-révolution de 1771, monopolisèrent l’attention.