Extrait de l’article

Si la contribution de l’action ministérielle de Sully et les propositions de ses OEconomies royales ont trouvé place de longue date dans les interrogations sur les conceptions économiques amalgamées a posteriori dans la catégorie du «mercantilisme » , rien de tel n’existe dans le domaine des finances publiques. Cependant, il est commun de relier l’hostilité partagée de Sully et de Colbert envers les rentiers à une vision économique et morale plus globale, les conduisant à considérer la rente comme un facteur d’oisiveté, détournant l’épargne des particuliers de l’agriculture, des manufactures, du commerce, des activités aptes à augmenter la richesse du royaume. De fait, à la fin du XVI^e siècle, les incidences fiscales, financières, économiques et morales de la recrudescence des emprunts publics obsédaient la plupart des gouvernants des États européens qui avaient financé leurs guerres extérieures ou domestiques grâce aux émissions de rentes. La France ne faisait pas exception et cette hantise de la dette s’est inscrite dans une filiation longue, ouverte avec les critiques des États Généraux de la seconde moitié du XVI^e siècle. Mais la perpétuation des conflits n’avait pas encore permis de prendre la mesure de l’encours des dettes monarchiques, ni d’envisager les moyens de les réduire. La conjoncture pacifique qui coïncida avec la surintendance de Sully fut l’occasion d’une estimation de l’endettement, confié à une Commission de vérification des rentes, qui inventoria durant les années 1599 à 1604 les rentes sur l’Hôtel de Ville émises de 1560 à 1699, soit la période des guerres de Religion.

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