L’economie du luxe. L’intendance des Menus-Plaisirs du roi par Papillon de la Ferté (1756-1780)
Sabine Chaouche
Chaouche, Sabine, « L’economie du luxe. L’intendance des Menus-Plaisirs du roi par Papillon de la Ferté (1756-1780) », Dix-huitième siècle 1/2008 (n° 40), p. 395-412.
Extrait de l’article
Dans son Journal, Papillon de la Ferté écrit au sujet de la représentation du Bourgeois gentilhomme lors des spectacles de Cour de 1756 : « Ce spectacle, fait pour plaire, n’eut pas cependant un grand succès : mais j’en reçus au moins quelques compliments, entre autres de Monsieur de Moras, qui ajouta qu’il aurait été plus content, si ce spectacle n’avait pas coûté au roi cent mille livres. Je crus qu’il badinait jusqu’au moment où il m’assura qu’un Maître des Requêtes lui avait dit le tenir de moi-même. Il me fut aisé de le convaincre combien on l’avait induit en erreur, et je lui démontrai par les états que ce spectacle ne faisait pas une dépense extraordinaire de cent louis ». Cette remarque de l’Intendant des Menus-Plaisirs signale que l’organisation des spectacles de cour satisfait à plusieurs exigences : il s’agit d’une part de divertir un public privilégié, mondain, « éclairé », la cour et la famille royale, par la représentation agréable d’œuvres diverses (le plus souvent choisies par les favorites du roi) et capable de séduire l’esprit par une « belle » mise en scène fondée essentiellement sur le spectaculaire visuel ; d’autre part, il s’agit de flatter le goût de ce public en ne lui faisant pas seulement éprouver les plaisirs de l’illusion théâtrale et de sa magie, mais en lui donnant aussi l’illusion qu’il assiste à un spectacle autant fabuleux et majestueux que magnifique et somptueux, c’est-à-dire qui montre de manière ostensible, ostentatoire même, une certaine opulence et par là même une certaine idée du luxe.