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Le duc face à l’office

Christophe Blanquie

Blanquie, Christophe. Le duc face à l’office, Cahiers Saint-Simon, n° 25, 1997. Recherches en cours, p. 43-50.

Extrait de l’article

C’est sur le socle des Mémoires que Norbert Elias a construit la théorie de la « société de cour » dont la portée et le retentissement contribuent à entretenir un malentendu sur Saint-Simon, victime de la qualité documentaire d’une œuvre dont la puissance littéraire rachèterait les ambitions déçues de son auteur aigri. Pourtant, à réduire notre duc à n’être que le roi de l’étiquette, on minimise son influence tout en se condamnant à méconnaître la nature profonde de son témoignage. Bien loin en effet de réduire l’étiquette à l’expression d’une hiérarchie sociale, Saint-Simon propose d’abord une vision organique et institutionnelle de la monarchie française ainsi que le montre sa conception de l’office domestique. En effet, alors que l’on retient volontiers l’attitude du mémorialiste face aux officiers de justice, les magistrats, ceux-ci sont loin de monopoliser les offices, que leur grand théoricien, Charles Loyseau, définissait comme une dignité avec fonction publique. L’office associe donc un statut à l’exercice d’une activité, il détermine ainsi une condition, à la fois une fonction sociale et le rang de celui qui en est revêtu. Les offices transcendent la partition entre noblesse et tiers-état, laquelle passe au sein de la robe : les principales catégories d’offices royaux sont les offices de judicature, de finance, les offices domaniaux et les offices domestiques, c’est-à-dire ceux de la maison du roi. De ces derniers, le grand jurisconsulte n’hésite pas à écrire : « Ce sont icy sans doute les plus vrais Officiers du Roy, qui l’assistent & servent luy-même journellement : au lieu que les autres servent directement l’Etat et le public et non pas directement la personne du Roy ».

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