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Quand porter les armes pouvait favoriser une carrière ecclésiastique : Les clercs de cour et le service armé au XIVe siècle
Fabien Roucole
Roucole, Fabien, « Quand porter les armes pouvait favoriser une carrière ecclésiastique : Les clercs de cour et le service armé au XIVe siècle », Francia 47, 2000, p. 59-76.
Extrait de l’article
Dans son récit de la bataille d’Otterburn (1388), Jean Froissart raconte avec force complaisance comment un certain messire Guillaume de Northberwick, prêtre et chapelain du comte James de Douglas, se distingua en combattant vigoureusement d’une hache de guerre, et sortit du combat sévèrement blessé, alors que son seigneur avait été tué. Selon le chroniqueur, les parents et serviteurs du comte auraient été si impressionnés par son courage qu’ils le récompensèrent en le faisant nommer chanoine et archidiacre d’Aberdeen. Ainsi, le fait d’avoir combattu n’aurait pas pénalisé, mais favorisé la carrière ecclésiastique de ce prêtre. S’il ne nous a pas été possible de vérifier la véracité du récit de Froissart, nous allons tenter de montrer ici qu’il est vraisemblable, et correspond à des pratiques relativement fréquentes au XIVe siècle. Comme le personnage du récit de Froissart, les hommes ayant bénéficié de telles pratiques sont généralement des ecclésiastiques de cour, ce qui est un élément essentiel pour comprendre leur parcours. C’est un fait bien connu que pour un clerc, évoluer dans l’entourage des princes et grands seigneurs offrait de grandes opportunités de carrière. Les rois, en particulier, récompensaient volontiers les serviteurs dévoués avec des prébendes canoniales, et, pour les plus en vue, des sièges épiscopaux. Le développement des provisions pontificales ne fit que renforcer ce phénomène, en facilitant notamment l’accumulation de nombreux bénéfices par les familiers des princes ou les cardinaux.
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