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Saint-Simon et les présidents à mortier

Robert Descimon

Descimon, Robert, Saint-Simon et les présidents à mortier, Cahiers Saint-Simon, n° 28, 2000. Les Mémoires des historiens, p. 39-48.

Extrait de l’article

Je n’ai guère d’autre titre que l’amitié des organisateurs pour parler de Saint-Simon devant votre Société, deux institutions qui m’impressionnent énormément. Si, comme tous, je suis fasciné par les Mémoires au point de ne pouvoir m’en arracher quand j’ai ouvert un des volumes de la merveilleuse édition Boislisle, je ne saurais prétendre aucunement connaître ce monument de notre littérature. A peine si je puis me prévaloir d’avoir accompli un travail d’histoire sociale sur les présidents à mortier du parlement de Paris, il est vrai pour une période antérieure au règne personnel du grand roi.

Le sujet en lui-même assez mince que représentent les présidents à mortier — sur cette minceur, Saint-Simon ne me contredirait pas, mais elle ne l’a pas empêché de noircir de nombreuses pages en leur honneur, si l’on ose dire — , a au moins le mérite de dévoiler une des blessures intimes qui sont sans doute à l’origine de l’écriture du duc. Il semble que Saint-Simon ait remâché de façon obsessionnelle des expériences traumatiques, comme les négociations de son mariage ou les procès qui soumettaient son être substantiel de duc aux jugements de magistrats qu’il récusait en raison de leur infériorité sociale, sans oublier, bien sûr, sa carrière militaire trop tôt interrompue. Son opinion sur les hommes, en particulier les magistrats, dépendait largement du rôle qu’il leur prêtait, à tort ou à raison, dans le cours des épreuves formatrices qu’il avait vécues.

C’est bien une question d’être qui fait mouvoir la pensée saint-simonienne et l’enjeu du débat se concentrait sur la question de la dignité (dignitas ). Cette notion clef des anciens régimes monarchiques permet d’éclairer les critères de jugement que mettait en œuvre Saint-Simon sur ou contre les présidents et d’appréhender la perception que le duc avait de la robe dans ses rapports avec la noblesse.

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