Le traître dans la tragédie d’actualité : La Guisiade de Pierre Mathieu (1589), Le Guysien de Simon Bélyard (1592)
Jean-Claude Ternaux
Ternaux, Jean-Claude, "Le traître dans la tragédie d’actualité : La Guisiade de Pierre Mathieu (1589), Le Guysien de Simon Bélyard (1592)", dans Seizième Siècle, n° 5, 2009, p. 115-132.
Extrait de l’article
Alors qu’il traduit un passage du De poetica libri tres relatif à la matière de la tragédie, Pierre Laudun d’Aigaliers, dans le cinquième livre de L’Art poëtique françois (1597), ajoute à l’énumération de Viperano le thème de la trahison : « Les choses ou la matière de la Tragédie sont les commandemens des Roys, les batailles, meurtres, violemment de filles et de femmes, trahisons, exils, plaintes, pleurs, cris, faussetez, et autres matieres semblables ». Pourtant, à bien y regarder, la tragédie humaniste, telle qu’elle a été écrite dans la seconde moitié du XVIe siècle, ne lui accorde pas une place de choix. Chez le plus grand des dramaturges de l’époque, Robert Garnier, elle ne vient guère innerver qu’une fable, celle de Marc Antoine. Le héros éponyme reproche en effet à Cléopâtre, qu’il ne peut s’empêcher d’aimer, de l’avoir abandonné aux ennemis, d’avoir livré Péluse, ses vaisseaux et ses hommes. Toute l’action de la pièce consiste à substituer la réalité à cette image trompeuse. Dans Les Juifves, la trahison intervient sur le mode mineur, puisqu’elle renvoie au passé : Sédécie est châtié de façon abominable parce qu’il n’est pas resté loyal envers Nabuchodonosor. Dans cette première génération de poètes dramatiques on retiendra encore l’anonyme Pompée (1579) « en laquelle se voit la mort d’un grand Seigneur, faite par une malheureuse trahison ».
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