Clovis dans le discours hagiographique du VIe au IXe siècle
Martin Heinzelmann
Martin Heinzelmann, "Clovis dans le discours hagiographique du VIe au IXe siècle", dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, année 1996, vol. 154, n° 154-1, p. 87-112.
Extrait de l’article
Examiner l’image de Clovis dans le discours hagiographique et son évolution n’est pas cautionner la séparation, ordinairement faite, entre les
sources dites hagiographiques et les sources attribuées à l’historiographie
et qui a trop longtemps faussé la compréhension des sources narratives et
de leur nature, tout spécialement pour le très haut Moyen Age. La question
n’est pas que de terminologie : si les termes hagiographia ou hagiographus,
dans le sens d’écriture ou d’auteur de Vie de saint, n’ont guère été employés
avant le XVe siècle, la recherche moderne sur la littérature chrétienne
remet radicalement en cause le concept d’un genre hagiographique sui generis,
qui serait opposé à l’écriture historiographique.
Pour revenir très vite à Clovis, il suffit d’avancer l’exemple de Grégoire de Tours qui, de manière programmatique, définissait lui-même son écriture de l’histoire comme la description de « démêlés de rois et de peuples, de martyrs et de païens, d’églises et d’hérétiques » et, encore plus nettement en ce sens, comme le récit des miracles des saints, insérés dans le contexte du dépérissement général des peuples.