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De la tyrannie à l’idée d’un contrat social : régénérescence royale dans le conte de Tecserion de Mlle de Lubert

Blandine Gonssollin

Gonssollin, Blandine, « De la tyrannie à l’idée d’un contrat social : régénérescence royale dans le conte de Tecserion de Mlle de Lubert », Dix-huitième siècle 1/2007 (no 39), p. 491-504.

Extrait de l’article

On a parfois fait de Mlle de Lubert une conteuse qui se complaît dans un âge d’or passéiste de la féerie alors même que le début du XVIIIe insuffle de nouvelles orientations au genre du conte de fées. Elle nous est apparue pourtant comme un auteur éminent de son temps, et cela dès son premier conte intitulé Tecserion, paru en 1737. À travers un imaginaire foisonnant, ce conte se fait l’écho de différents débats du siècle des Lumières et on a choisi ici de mettre en valeur la réflexion politique qu’il sous-tend. À une époque où l’absolutisme de droit divin a perdu toute crédibilité intellectuelle, il s’agit de déterminer à qui revient l’Autorité politique dans un État, et en quels termes on peut penser une légitimité du pouvoir. Le XVIIe siècle a ouvert la voie aux penseurs des Lumières en invoquant un droit naturel et l’idée d’un contrat consenti entre un peuple et son prince comme fondement de l’Autorité politique. Le libéralisme constitutionnel prôné par Locke et Montesquieu va orienter la réflexion politique du XVIIIe suivant deux directions : l’une étant l’idéal d’un despotisme éclairé et l’autre défendant une souveraineté populaire. Par le biais d’une fiction débridée, le conte de Tecserion donne une illustration de cette remise en cause de l’absolutisme tout en cherchant à fonder une légitimité nouvelle pour la monarchie. Le conte se structure selon un portrait en diptyque de la figure royale : partant du pôle négatif de la tyrannie pour évoluer vers un idéal de monarchie modérée, la figure royale progresse ainsi du burlesque vers la sublimation. À cette articulation, se révèle, dans le conte, un plan d’écriture allégorique qui double la réflexion politique, fondé sur un imaginaire médical de la mélancolie et sur l’idéal alchimique de transmutation du métal en or.

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