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François Ier ou l’anatomie du « roi moderne » dans "La Tragédie de Chabot, Amiral de France" de George Chapman

Gilles Bertheau

Bertheau, Gilles, François Ier ou l’anatomie du « roi moderne » dans ’La Tragédie de Chabot Amiral de France’ de George Chapman, Seizième Siècle, N°10, 2014. Genèses éditoriales, sous la direction de Anne Réach-Gnô ; p. 277-301.

Extrait de l’article

Pour sa dernière tragédie (écrite aux alentours de 1613, révisée par James Shirley en 1634‑35 et publiée de manière posthume en 1639), George Chapman (1559 ?– 1634) choisissait l’histoire de la disgrâce de Philippe Chabot, seigneur de Brion (c. 1480– 1543), amiral de France sous François Ier. Il confirmait ainsi son intérêt, exceptionnel parmi ses confrères dramaturges, même à une époque où fleurissait le genre du théâtre historique, pour l’histoire de France des XVIe-XVIIe siècles, puisque, dès 1607, il avait publié La Tragédie de Bussy d’Amboise, mettant en scène la fin tumultueuse de l’amant de celle qu’Alexandre Dumas allait appeler La Dame de Montsoreau (1846). La pièce faisait revivre les figures de la cour d’Henri III : le roi, Monsieur, le duc de Guise, pour ne citer que les principales. L’année d’après, il consacra une double tragédie au personnage haut en couleurs que fut le maréchal d’Henri IV, Charles de Gontaut, duc de Biron, dont l’exécution en juillet 1602 avait causé un choc non seulement en France, mais aussi en Angleterre, où le souvenir de la décapitation du comte d’Essex (février 1601), favori d’Élisabeth Ire, était encore frais. Beau sujet pour un dramaturge qu’intéressaient déjà les rapports entre pouvoir absolu et héroïsme ! Henri IV – encore vivant donc – y figure comme un monarque d’abord juste et clément (dans La Conspiration de Biron), puis comme modèle même du roi machiavélien (dans La Tragédie de Biron). Le portrait royal se fait ensuite beaucoup plus pessimiste avec le Henri III de La Vengeance de Bussy d’Amboise (1613), suite de la pièce de 1607, dans laquelle le frère fictif de Bussy, devenu le meilleur ami d’un Guise tout acquis à la cause stoïcienne, doit venger sa mort et faire face à l’hostilité d’un monarque qui a toutes les caractéristiques d’un tyran.

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