"Il avoit fort dans le cœur son Alexandre…" L’imaginaire du jeune Louis XIV d’après La Mesnardière
Marianne Cojannot-Le Blanc
Cojannot-Le Blanc, Marianne. « "Il avoit fort dans le cœur son Alexandre…" L’imaginaire du jeune Louis XIV d’après La Mesnardière et la peinture des Reines de Perse par Le Brun », Dix-septième siècle, vol. 251, no. 2, 2011, p. 371-395.
Extrait de l’article
Symptôme de la fascination que Louis XIV peut encore exercer, le désir d’accéder à son imaginaire et à son goût, particulièrement dans la tendresse de ses jeunes années, affleure régulièrement. Pour un roi qui s’est employé à agir en roi en tout point, la question de son goût personnel est souvent comprise comme la part contrariée de sa personnalité, à l’exception naturellement de quelques amours transparentes et assumées pour la guerre, la musique ou la danse. En partie réduit à ne pas être, en raison de la nature d’un pouvoir qui se donne à voir, ce goût propre serait la face aveugle du monarque, d’autant plus séduisante qu’insaisissable et peu documentée.
Un témoignage inédit et précoce, celui de l’homme de lettres Hippolyte-Jules Pilet de La Mesnardière, vient éclairer l’imaginaire du jeune roi avant le début de son règne personnel. Attestant ce qui n’était jusqu’ici qu’une forte présomption, à savoir le goût de Louis XIV pour la figure d’Alexandre le Grand, et éclairant la nature de ce qui apparaît comme une véritable passion, il invite à réexaminer le premier tableau que Charles Le Brun peignit pour le roi, en 1661, les Reines de Perse aux pieds d’Alexandre, aussi dit La Tente de Darius (Versailles, musée du château).