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L’Allée du roi : un texte et son interprétation 

Dominique Blanc, Myriam Tsikounas

Blanc, Dominique, et Myriam Tsikounas, « L’Allée du roi : un texte et son interprétation », Sociétés & Représentations, vol. 47, no. 1, 2019, p. 225-234.

Extrait de l’article

La comédienne Dominique Blanc, lauréate de quatre césars et de trois Molières, pensionnaire de la Comédie-Française depuis le 19 mars 2016, a interprété, sur scène et à l’écran, des personnages historiques variés : Phèdre, Henriette de Nevers, Anne d’Autriche, Alexandra David-Néel, Isabelle Rimbaud…

Myriam Tsikounas : L’Allée du roi est une fiction historique très particulière. Une femme, Nina Companeez, adapte le roman d’une autre femme, l’écrivaine Françoise Chandernagor, qui raconte le règne de Louis XIV du point de vue d’une troisième femme, Madame de Maintenon, personnage mal aimé qu’elle souhaite réhabiliter.

Dominique Blanc : Madame de Maintenon n’a pas toujours eu bonne presse alors qu’elle est une héroïne exceptionnelle, qui a construit son propre destin. En 1995, lorsque Nina Companeez m’a proposé le rôle, je connaissais déjà le livre, magnifiquement écrit par Françoise Chandernagor. À la lecture de l’ouvrage, ce qui m’avait séduite dans la trajectoire de cette femme du xviie siècle, c’est qu’elle réussit à échapper à la misère à laquelle elle était destinée. Née à la prison de Niort, où son père était incarcéré pour dettes avec sa mère, puis orpheline instruite mais miséreuse, elle aurait dû, comme le lui dit sa bienfaitrice Madame de Neuillant, incarnée par Geneviève Mnich, n’avoir d’autre projet que la domesticité ou le couvent. Or, à quinze ans, elle fait un autre choix. Quand Scarron, poète extrêmement intelligent mais âgé et un peu monstrueux, lui offre de payer sa dot si elle veut entrer en religion ou l’épouser, elle décide de devenir sa femme. Quand elle découvre ce vieillard infirme et sale, avec ses jambes recroquevillées dans un tonneau, elle a peur, bien sûr. Mais elle s’attache à lui et à ses salons, elle en tombe amoureuse à sa manière. Ce maelström de sentiments n’est pas facile à exprimer et j’ai beaucoup investi dans le tournage de cette scène.

Voir en ligne : L’Allée du roi : un texte et son interprétation  (Cairn)