La cour de France à la guinguette : sur un « Pasquil des vins » en 1705
Philippe Hourcade
Hourcade, Philippe, "La cour de France à la guinguette : sur un « Pasquil des vins » en 1705", Cahiers Saint-Simon, n° 17, 1989. Quelques manuscrits nouveaux sur la Cour de France au temps des Mémoires (Paris, Collège de France, 4 mars 1989) p. 49-58.
Extrait de l’article
Ce catalogue fort incomplet de la cour de Louis XIV se trouve aux Archives nationales en deux versions manuscrites d ’écriture différente. L’une (A) occupe trois pages de 18 X 28 cm, l’autre (B) quatre pages de 18,5 X 27,5 cm, celle-ci affichant la date approximative du « commencement de lan 1705 ». Les colonnes où les personnages étaient mentionnés tour à tour dans les deux versions ont ici été réunies en une seule, pour gagner de la place. Les parenthèses signalent tantôt une lacune dans le manuscrit A, tantôt une variante fournie par le manuscrit B. En revanche, la distinction des deux versions a été conservée pour l’énonciation des « caractères » : d’où ces deux colonnes A et B qui permettent de noter en gros une concordance (le mot « vin » étant simplement ajouté le plus souvent dans B), mais aussi quelques différences, ne serait-ce d’abord que dans la longueur des listes : B offre 92 noms contre 71. Il est difficile de savoir quelle version a précédé l’autre, à plus forte raison, si elle l’a inspirée. Une lecture comparative révèle rapidement que certains personnages n’occupent pas la même place : Mme de La Vrillière, le père de La Chaise, le Premier président de Harlay, la reine douairière d’Angleterre (désignée différemment dans B, peut-être afin d’éviter la confusion entre la veuve de Jacques II et celle de Charles II, encore en vie) et le roi des Romains, futur empereur Joseph Ier. Des flottements, ou plutôt parfois des erreurs dans l’identification apparaissent : archevêque de Reims ou archevêque de Rouen, Monsieur le Grand ou sa fille, le maréchal de Noailles ou son épouse, l’Electeur de Bavière ou le prince de Bade. Même remarque quant aux « caractères » : le vin du duc de Bougogne est tour à tour « couvert » et « nouveau », celui de Madame Palatine « masle » et « genereux », celui du père de La Chaise « mol » et « à deux oreilles », celui du chancelier de Pontchar train « leger » et « aigre ».