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La duchesse du Maine ou la reine Didon : la mythologie mise à l’épreuve 

Catherine Cessac

CESSAC Catherine, « La duchesse du Maine ou la reine Didon : la mythologie mise à l’épreuve », Dix-septième siècle, 2016/3 (n° 272), p. 487-500.

Extrait de l’article

Née le 8 novembre 1676 à l’hôtel de Condé à Paris, Louise-Bénédicte de Bourbon, huitième enfant d’Henri-Jules de Bourbon et d’Anne de Bavière, épouse en 1692 le duc du Maine (1670-1736), bâtard légitimé de Louis xiv et de Mme de Montespan. De son côté, princesse du sang, petite-fille du Grand Condé, Louise-Bénédicte ressent ce mariage comme une humiliation. Aussi, quand elle le peut, fuit-elle la vie de cour de Versailles et ambitionne d’avoir un lieu où elle se sentira libre de vivre à sa guise et selon son rang. Selon ses vœux, le duc du Maine, aidé financièrement par le roi, achète en décembre 1700 le château de Sceaux, ancienne propriété de Colbert, à quelques lieues de Paris et de Versailles. Laissé à l’abandon depuis la mort du marquis de Seignelay, fils de Colbert disparu en 1690, le château et le parc doivent subir quelques travaux de restauration. Si les jardins n’intéressent guère Louise-Bénédicte qui en laisse le soin au duc, elle aménage selon son goût et sa fantaisie sans limites plusieurs endroits du château et tout particulièrement son propre appartement qui occupe le rez-de-chaussée de l’aile Sud-Ouest. Elle confie la décoration de la galerie jouxtant sa chambre à coucher et du cabinet dit des arts et des sciences à deux des meilleurs artistes de la cour, le peintre Claude iii Audran (1658-1734) et le sculpteur Jean-Baptiste Poultier (1653-1719). Ces productions sont décrites dans un long poème de trente pages intitulé « Dessein de l’appartement de son Altesse Serenissime Madame la duchesse du Maine à Seaux   ». L’auteur (anonyme) invoque Apollon pour guider son « crayon ». Le « Dieu protecteur des Muses et des Arts » apparaît baigné de lumière et prend la parole pour narrer tout ce que le cabinet renferme de merveilles. Lui-même est représenté en triomphe au plafond du cabinet orné aux quatre coins de bas-reliefs où il figure dans diverses scènes plutôt guerrières, tuant le serpent Python, écorchant le silène Marsyas, mais aussi accompagné de Clytie métamorphosée en tournesol et de la nymphe Daphné.

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