La légende noire de Napoléon ou les images à l’assaut du mythe
Pascal Dupuy
Pascal Dupuy, La légende noire de Napoléon ou les images à l’assaut du mythe, Histoire culturelle de l’Europe, 1, 2016
Un magazine d’histoire grand public titrait récemment sur « Napoléon : la gloire et la honte ». Le numéro, dédié pratiquement intégralement à l’Empereur, reprenait le vieux débat sur la fascination et la détestation que suscite Napoléon en donnant la parole à la fois à ses défenseurs et à ses détracteurs. Si le débat fait encore rage aujourd’hui et s’il continue à faire vendre du papier, c’est que Napoléon de son vivant a su largement édifier sa propre gloire, tandis que dans le même temps s’orchestrait une légende noire, politique, satirique et visuelle dont les racines se trouvent en Grande-Bretagne. En voulant glorifier son règne et ajouter à son prestige, Napoléon a, en effet, recouru à une propagande fondée, entre autres, sur l’iconographie. Les images qu’il élaborait ou dont il se plaisait à favoriser la diffusion soulignent en général ses qualités. En fonction du contexte, le général devenu Empereur a suscité des œuvres qui mettent en valeur son sens militaire, son courage ou sa science du combat, ou au contraire des planches soulignant son caractère magnanime et pacificateur. Il devient alors alternativement, comme les monarques d’Ancien régime, le « père du peuple », l’Empereur omniscient ou le père de famille attentif et bienveillant. Ces images fondent, fabriquent et réinventent sans cesse son autorité. Au travers de son image (de ses portraits, par exemple), l’Empereur incarne sa « géniale » personne, mais également l’État qu’il dirige.