Le Duc de Saint-Simon et le « séjour des Dieux » : documents sur la cour de France
François Formel-Levavasseur
Formel-Levavasseur, François, "Le Duc de Saint-Simon et le « séjour des Dieux » : documents sur la cour de France", Cahiers Saint-Simon, n° 17, 1989. Quelques manuscrits nouveaux sur la Cour de France au temps des Mémoires (Paris, Collège de France, 4 mars 1989) p. 31-38.
Extrait de l’article
Veni, vidi, vici...
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, le caractère un rien martial et césarien de l’incipit appelle un immédiat et bien naturel recours aux Commentaires..., en l’occurrence ceux du duc de Saint-Simon.
Evoquant la journée du lundi 2 juin 1710, si précisément indiquée, n’a-t-il pas noté en effet que, rentré chez lui, sur les sept heures, du soir, il trouva :
«un billet de M. le Duc d’Orléans qu’un de ses gens avait apporté fort peu après midi, comme cela arrivait souvent pendant ce Marly. J’ouvris ce billet lorsque, monté chez ma mère, j’y fus seul avec elle et M™ de Saint-Simon. Le dessus était de l’écriture de M. le Duc d’Orléans, le dedans, fort court, de celle de M™ la Duchesse d’Orléans, dont le peu de mots étaient ceux-ci : Veni, vidi, vici. Elle ajoutait que je verrai bien que c’était M. le Duc d’Orléans, qui les avait dictés, et, sans en dire davantage, m’imposait le secret jusqu’à la déclaration qui ne tarderait pas. »
du mariage du duc de Berry, troisième petit-fils du roi Louis XIV, avec Mademoiselle, leur fille.
De l’examen de l’original, dont il nous est si agréable de vous donner la primeur, grâce à l’acquisition qu’il nous a été donné de pouvoir en faire, en vertu d’une aimable intercession, il appert que le commentaire, et partant le témoignage du mémorialiste sont conformes à la réalité. A reprendre ce billet, qui montre bien sur quel pied de familiarité étaient établies les relations entre le couple princier et les Saint-Simon, on lit en effet :
«Veni, vidi, vici. Chut, vous vous doutez bien, Monsieur, que cette lettre est dictée par Monsieur le Duc d’Orléans, »
dont le sceau de cire rouge aux armes de France, chargées du lambel à trois pendants de la seconde branche de la maison royale, est parfaitement conservé, et figure à côté de la suscription suivante :
«À Monsieur le Duc de St-Simon mon cousin. »