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Les fonctions de la métaphore du mariage politique du roi et de la république en France, XVe-XVIIIe siècles

Robert Descimon

Robert Descimon, "Les fonctions de la métaphore du mariage politique du roi et de la république en France, XVe-XVIIIe siècles", dans Annales, année 1992, volume 47, numéro 6, p. 1127-1147.

Extrait de l’article

Parmi les métaphores qui aident les juristes à penser les rapports entre le roi et le royaume, celle du mariage politique occupe une place privilégiée.

L’analogie est le pont aux ânes des scolastiques, ancienne ou nouvelle, et la fiction un procédé familier à la pensée normative. Au sens précis, la fiction consiste à accorder à une personne le statut juridique d’une autre. Mais prêter au roi le statut d’un époux mystique est une opération mentale qui dépasse une simple manipulation à l’intérieur du droit fondateur des statuts. Il s’agit bien plutôt de la création mythique du droit royal lui-même, d’une cosmogonie de la monarchie légitime, en somme.

On peut rappeler ce que disait Johan Huizinga : « Le Moyen Age n’a jamais oublié que toute chose serait absurde si sa signification se bornait à sa fonction immédiate et à sa phénoménalité ». Cet état d’esprit provenait de la volonté de voir les choses en Dieu et aboutissait à la « conviction que tout a une signification transcendante ». Huizinga rappelait encore : « Autour de la figure de la divinité se cristallisera le système imposant des figures symboliques ». La raison symboliste étouffe les formes de pensée causales, génétiques, évolutionnistes. Il ne s’agit pas de chercher «une connexion de cause ou d’effet», mais « une connexion de signification et de finalité », « une connexion essentielle et mystique ». Dans l’interprétation de Huizinga, cette conformation d’esprit est liée au « réalisme », ou bien à la renaissance de l’idéalisme platonicien : « L’assimilation symbolique fondée sur des propriétés communes n’a de sens que si ces propriétés sont tenues pour l’essence des choses ». C’est pourquoi « tout réalisme, au sens scolastique, mène à l’anthropomorphisme. Ainsi naît l’allégorie ». Elle donne une forme visible à la conception du rapport mystérieux qui unit deux idées.

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