Les regalia au crible de la caricature du XVIe au XVIIIe siècle
Annie Duprat
Annie Duprat, « Les regalia au crible de la caricature du XVIe au XVIIIe siècle », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Objets et Insignes du Pouvoir, décembre 2005, [En ligne], mis en ligne le 4 juin 2008. URL : http://crcv.revues.org/document296.html
Extrait de l’article
Pour être roi, il faut être connu et reconnu comme tel : après chaque crise, de la guerre de Cent Ans à la Fronde en passant par les guerres de Religion, les rois de France et leurs conseillers font ce constat, hantés, d’une part, par l’idée de persuader leur peuple de leur légitimité et, d’autre part, par le souci d’une gloire qui dépasse largement les frontières.
Le roi devant être reconnu pour être accepté comme tel par ses sujets, son corps physique (puisque le royaume est incarné dans sa personne) et son corps politique (car il faut montrer ce qui le sépare du commun des mortels) sont mis en scène dans les cérémonies de l’information et de la représentation de la monarchie française d’Ancien Régime. Mais, afin que cette « fabrication » d’un roi soit efficace, pour reprendre le titre anglais du livre de Peter Burke sur Louis XIV (que le titre de la traduction française affaiblit), il faut que l’on puisse reconnaître les traits de l’homme qui est sur le trône et l’identifier comme roi.
Quand on observe à la suite les tableaux représentant des rois dont les liens de parenté sont proches (François Ier, père d’Henri II et grand‑père de Charles IX et d’Henri III, ou encore les deux frères Louis XVI et Louis XVIII), la ressemblance est particulièrement frappante et il faut alors faire intervenir l’environnement (décor, costumes, usages des allégories) pour identifier précisément de quel souverain il s’agit. Quant à l’identification à proprement parler « politique », celle du souverain, elle passe par tous les signes que l’on nomme les regalia, ces objets qui fonctionnent comme les attributs spécifiques de la dignité royale : la couronne, le sceptre, la main de justice et l’orbe crucifère auxquels on peut ajouter la fleur de lys et le cordon bleu de l’ordre du Saint‑Esprit.