Marylène Perez : Contes de courtisans. Traduction du "De nugis curialium" de Gautier Map.
Jacques Berlioz
Marylène Perez : Contes de courtisans. Traduction du De nugis curialium de Gautier Map. Compte rendu de Jacques Berlioz, Bibliothèque de l’école des chartes, 1990, vol. 148, n° 2, p. 479-482.
Compte rendu de Jacques Berlioz
La traduction des textes fondamentaux du Moyen Age, et notamment du latin, n’est pas un exercice reconnu à sa pleine valeur dans le milieu universitaire. A tort, car il suppose une pleine maîtrise du texte abordé et une vaste culture littéraire et historique pour le commentateur. C’est pourquoi il faut féliciter vivement Jean Dufournet d’avoir osé donner comme sujet de doctorat de troisième cycle (soutenu en 1983 devant l’Université de Paris III) la traduction du De nugis curialium de Gautier Map, récemment publiée.
Gautier Map est né vers 1135-1140, près d’Hereford dans une région voisine du Pays de Galles. Il étudie à Paris entre 1150 et 1162, avant de se fixer à la cour d’Angleterre. Attaché à la chancellerie du roi Henri II Plantagenet, juge itinérant à Gloucester en 1173, chanoine de Lincoln puis de Saint-Paul de Londres en 1176, il représente Henri II au concile du Latran en 1179. Il est ensuite vicaire de Westbury, sur la Severn, chanoine, chancelier, préchantre de Lincoln, enfin archidiacre d’Oxford en 1196 ou 1197. Il tentera vainement de briguer évêché de Hereford. Il meurt le 1er avril 1209 ou 1210.
A la cour d’Henri II, Gautier Map était célèbre pour son esprit caustique et son éloquence. Un peu à contrecœur, semble-t-il, il se mit à noter en latin entre 1181 et 1193 ses impressions et ses réflexions sur le monde qui l’entourait, la cour d’Angleterre, les ordres religieux ainsi que les anecdotes ou les légendes féeriques (le roi Herla, la dame du lac de Brecnock, etc.) qui pouvaient distraire les courtisans. Voilà pourquoi ces notes portent le titre de Balivernes de courtisans, titre qui me semble plus exact que celui de Contes de courtisans, donné par la traductrice ou son éditeur). Gautier se situe entre la culture savante, qu’il avait parfaitement assimilée, et la culture des laïcs qui le fascine.