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Révolutions temporelles et conspirations politiques : la figuration du temps historique dans quelques récits de conjuration sous Louis XIV

Bruno Tribout

Bruno Tribout « Révolutions temporelles et conspirations politiques : la figuration du temps historique dans quelques récits de conjuration sous Louis XIV », Dix-septième siècle, 4, 2005 (n° 229), p. 693-712.

Extrait de l’article

Ce fragment de L’Advis à la Reyne sur la Conférence de Rueil, du 4 mars 1649, comporte certes un aspect rhétorique destiné à appuyer les requêtes des parlementaires venus négocier la paix avec la Cour momentanément exilée ; mais la violence des termes employés témoigne indéniablement d’une profonde hantise concernant ce qu’un contemporain nommait la « révolution des thrônes ».
Si, en effet, la ruine des empires et la chute des monarchies n’ont cessé d’être considérées, à l’âge moderne, comme des possibles historiques, les imaginaires qui fondent les rituels de la révolte sont de plus en plus perçus comme obsolètes, à mesure que s’affirme le règne d’un grand roi – un règne qui peut faire penser que la monarchie française atteint alors un apogée. C’est pourquoi l’idée de ruine des monarchies suscite une véritable angoisse, d’autant plus forte qu’elle semblait justifiée par nombre d’événements récents dans les pays voisins – l’Angleterre ou les Pays-Bas, par exemple – mais aussi en France – avec les troubles de la Fronde et diverses conspirations tramées contre Louis XIV. Le spectre des « révolutions funestes » agité par les parlementaires à la conférence de Rueil n’est donc pas de pure rhétorique, même dans la période la plus glorieuse du règne de Louis le Grand.
Or cette angoisse partagée par les contemporains se nourrit d’une conception du temps historique particulièrement présente dans certains récits de conjuration que nous souhaitons commenter.

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