Un Nathan invisible... : La ’Lettre anonyme au roi’ de Saint-Simon
Yves Coirault
Yves Coirault, "Un Nathan invisible... : La ’Lettre anonyme au roi’ de Saint-Simon", dans Revue d’histoire littéraire de la France, année 68 (1968), n. 3-4, p. 470-481.
Extrait de l’article
Bien que ne nous en soit parvenue qu’une copie, elle-même « anonyme », en ne peut douter que Saint-Simon ne soit l’auteur de ce grand texte. Aussi notre propos n’est-il pas ici d’en confirmer l’authenticité. Simplement, un examen de la copie nous permettra d’imaginer « selon le vraisemblable » les circonstances d’une rédaction dont le mystère est assez irritant. Il nous est, comme à Faugère, impossible de préciser de quelle main est la copie : cette écriture ne se rencontre dans aucun autre manuscrit provenant du Cabinet de Saint-Simon. Au demeurant, il est bien inutile d’inventer un « vieux serviteur, fidèle, mais peu lettré » : si la fidélité du copiste n’est pas en cause, l’équation personnelle ni l’aspect mouvant de cette orthographe n’ont rien d’exceptionnel au XVIIIe siècle ; et les erreurs grossières de lecture ne sent pas plus fréquentes sous sa plume que sous la plume de Galland, ce copiste de métier qui transcrivit les Additions au Journal de Dangeau. Quant à la ponctuation — qui, selon Faugère, « y fait entièrement défaut » —, elle n’est dans la copie ni plus ni moins nombreuse que dans la plupart des manuscrits de l’époque.