De quelques problèmes d’interprétation posés par les maximes des ’Principes de politique des souverains’ de Diderot
Jean-Christophe Rebejkow
Jean-Christophe Rebejkow "De quelques problèmes d’interprétation posés par les maximes des Principes de politique des souverains de Diderot", dans Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 1991, n° 1, p. 63-72.
Extrait de l’article
Dans sa lettre du 12 septembre 1774, Diderot annonçait ainsi à Catherine II les Notes écrites de la main d’un souverain à la marge de Tacite, plus connues sous le nom de Principes de politique des souverains : «Tandis qu’on y [à La Haye] imprimait vos statuts, je m’occupais de la lecture de Tacite ; et il en est résulté un pamphlet intitulé : Notes marginales d’un souverain sur l’histoire des empereurs» (Lew., XI, 1053).
Les Principes sont un texte qui désoriente, par la forme même qui y est adoptée : la maxima sententia initiale se dissout en une série d’aphorismes dont la succession ne paraît obéir à aucun plan concerté. L’ouvrage est «composite, déconcertant, passant, sans transition, de la maxime au commentaire, et à l’intervention directe du tyran ou du philosophe». Ce type d’écriture par maximes est un cas unique chez Diderot, qui a pratiqué tous les types d’écriture fragmentaire. Alors qu’il ne sépare généralement pas les questions économiques de la politique générale, en 1774, les Principes font apparaître chez lui la nécessité d’une dimension autonome du politique.