Di faciant ne plus valeat facundia vero : pouvoirs et périls de l’éloquence judiciaire dans l’épître De causa Merindolii Lutetiae (11,7) de Michel de L’Hospital
Loris Petris
Loris Petris, "Di faciant ne plus valeat facundia vero : pouvoirs et périls de l’éloquence judiciaire dans l’épître De causa Merindolii Lutetiae (11,7) de Michel de L’Hospital", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 2004, volume 58, numéro 58, p. 7-22.
Extrait de l’article
Relativement rares dans les Carmina aussi bien que dans les discours politiques et les notes personnelles, les réflexions théoriques de Michel de L’Hospital sur l’éloquence n’en sont que plus importantes chez ce chancelier de France (1560-1573) qui tente, par son éloquence autant que par des mesures politiques, de remédier aux tensions civiles centrifuges. Le protecteur des poètes de la Pléiade est avant tout un homme d’action soucieux d’agir par la parole plutôt que de théoriser sur celle-ci. Il est donc très significatif que la seule épître qui traite en profondeur de l’éloquence (II, 7) analyse le genre judiciaire, comme si les procès juridiques focalisaient déjà dans les années 1550 les antagonismes confessionnels et toute l’ambivalence de la parole. Cette pièce est capitale parce qu’elle contient en substance la position de L’Hospital à l’égard de l’éloquence et des troubles religieux : une méfiance à l’égard de toute sophistique trompeuse et un refus absolu de la contrainte en matière religieuse, deux questions liées puisqu’il faut bien convaincre pour ne pas avoir à contraindre. Au seuil comme au cœur des guerres de religion, les positions esthétiques et éthiques du chancelier évolueront mais elles procéderont en substance des idées exprimées dans cette pièce.