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La légende napoléonienne sous le Second Empire : les médaillés de Sainte-Hélène et la fête du 15 août

Sudhir Hazareesingh

Sudhir Hazareesingh, "La légende napoléonienne sous le Second Empire : les médaillés de Sainte-Hélène et la fête du 15 août", dans Revue historique, n° 627, 2003/3.

Extrait de l’article

Au matin du 15 août 1866, les habitants de la commune de Foix (Nord) furent réveillés par le joyeux carillon des cloches de l’Église. Comme dans chaque ville et village de France, les cloches annonçaient une double célébration : celle, officielle, de la Saint-Napoléon, la fête nationale du pays sous le Second Empire ; et celle, religieuse, de la fête catholique de l’Assomption.

Pour Dumont, le maire de Foix, la journée débuta avec une distribution de vivres aux « nécessiteux » de la commune. Dans sa circulaire annuelle, le préfet du Nord lui avait rappelé que l’empereur Napoléon III attachait « une importance particulière » aux gestes de charité le jour de la fête nationale (...)

De récents travaux nous ont permis d’apprécier la complexité du destin des anciens combattants de la Grande Armée après Waterloo. Sous la Restauration, la monarchie de Juillet, et la IIe République, ces vétérans ne disparurent pas entièrement de la sphère publique en tant qu’acteurs collectifs. Incorporés dans la légende napoléonienne, notamment dans les romans de Balzac et de Stendhal, ils en devinrent aussi les puissants vecteurs, contribuant à perpétuer la mémoire et les mythes de la Grande Armée dans les campagnes françaises. Les historiens s’accordent sur ce point : les anciens soldats de l’Empire, après leur retour dans leurs chaumières en 1815, ont joué un rôle essentiel dans la création et la dissémination du culte de Napoléon en France. Grâce aux travaux de Frédéric Bluche et de Bernard Ménager, nos connaissances sur la légende napoléonienne, et plus généralement sur la richesse et la diversité de la culture politique bonapartiste au XIXe siècle se sont considérablement enrichies. À travers le rôle des vétérans dans les cérémonies civiques du Second Empire, nous soulignerons ici l’apport important de ces anciens combattants à la légitimation politique du bonapartisme.

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