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La royauté médiévale sous l’impact d’une conception scientifique du droit

Annie Collovald, Bastien François, Ernst Kantorowicz

Annie Collovald, Bastien François, Ernst Kantorowiczc, La royauté médiévale sous l’impact d’une conception scientifique du droit, dans Politix. Revue des sciences sociales du politique, 1995, n° 32, p. 5-22.

Extrait de l’article

LES PARTICIPANTS à un colloque convoqué en vue de montrer, de différents points de vue, quels sont les traits caractéristiques de l’Europe au Xlle siècle seront sans doute enclins — en dépit du sous-titre qui précise qu’il s’agira des fondements de la société moderne — à tomber sous le charme de la thèse, ingénieuse et d’une grande largeur de vues, de Charles Homer Haskins sur la Renaissance du Xlle siècle. Bien que le sujet que je me propose de traiter ici semble plutôt confirmer que réfuter la thèse de Haskins, mon intention n’est pas du tout de parler des signes de « Renaissance », ni d’analyser la royauté du Xlle siècle sub specie jurisprudentiae renatae. Mon intention est de m’en tenir plus étroitement aux « fondements de la société moderne », et de mettre en lumière certains effets qu’une philosophie du droit ordonnée et scientifique — qu’elle fasse l’objet ou non d’une renaissance — semble avoir eu sur l’idée de royauté médiévale.

Ce qui, sans aucun doute, a distingué dans la sphère publique le Xlle siècle des époques antérieures, ce fut l’existence d’une philosophie savante du droit. Bien entendu, il a toujours existé du droit, même au plus profond des siècles obscurs. Il nous suffira de rappeler ici les impressionnants ensembles de jugements des rois anglo-saxons, les édits lombards, les collections de droit wisigothiques, ou les Capitularia des Carolingiens, pour comprendre que le premier Moyen Age était tout sauf dénué de droit.

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