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Le duc et l’archevêque : action politique, représentations et pouvoir au temps de Richelieu

Christian Jouhaud

Christian Jouhaud, Le duc et l’archevêque : action politique, représentations et pouvoir au temps de Richelieu, dans Annales, 1986, n° 5, p. 1017-1039.

Extrait de l’article

Le duc et l’archevêque : ce n’est pas le titre d’un roman ou d’une pièce de théâtre romantique sur le XVIIe siècle français, mais une appellation commode pour une affaire politique de première importance. Le spectaculaire conflit qui, en 1633, dresse l’un contre l’autre le duc d’Épernon gouverneur de Guyenne et Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, eut alors un retentis­sement énorme. Ce fut à la fois un scandale et une démonstration. Le pouvoir, dont l’efficience était désormais concentrée au cœur de l’appareil d’État, y donna à voir son ubiquité, cette puissance d’agir que l’on nommait vertu.

Une touche un peu shakespearienne fera peut-être mieux comprendre les enjeux. Au mois d’août 1629, sous les murs de Montauban qui venait d’ouvrir ses portes, le cardinal de Richelieu recevait à dîner. Il n’avait que quatre invités : les maréchaux de Marillac et de Bassompierre, les ducs de Montmo­rency et d’Épernon.

Le premier fut arrêté en 1630, jugé, condamné à mort, décapité. Le second, quelques mois plus tard, fut emprisonné à la Bastille où il resta douze ans. Ces deux maréchaux de France étaient récalcitrants à la nou­velle donne politique imposée par le « grand orage » de 1630. Montmorency, le troisième, complota avec le duc d’Orléans, prit les armes, fut fait prisonnier, condamné à mort, exécuté en octobre 1632. Épernon était — et de loin — le plus âgé des quatre mais il mourut dans son lit treize ans plus tard, à 88 ans. Pourtant, sans y perdre la vie ni la liberté, il subit lui aussi, d’un certain point de vue, le même sort que les trois autres.

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