Recherches sur le crime de poison au Moyen Âge
Franck Collard
Collard, Franck, "Recherches sur le crime de poison au Moyen Âge", dans Journal des savants, 1992, n° 1, p. 99-114.
Extrait du texte
« Les premières années du XIVe siècle ne sont qu’un long procès ; il y eut comme une épidémie de crimes, les accusations vinrent en foule : empoisonnement, adultère, faux, sorcellerie». C’est ainsi que Michelet, dans son Histoire de France, dépeignait l’atmosphère de la fin du règne de Philippe IV où les crimes de poison, entre autres, lui paraissaient abonder singulièrement. En fait, si l’on élargit le champ chronologique, on s’aperçoit que les années 1300 n’ont aucunement le monopole des affaires d’empoisonnement. On lit, sous la plume de Grégoire de Tours comme sous celle de Georges Chastellain, un nombre non négligeable (cinq chacun) de mentions d’empoisonnement. Orderic Vital, lui, semble les affectionner puisque l’on peut dénombrer dans son œuvre une quinzaine de crimes de poison. Comment considérer cet « affleurement » répété du venin dans des sources si éloignées dans le temps ?