Titres et insignes du pouvoir des duchesses de la seconde Maison d’Anjou. Une approche diplomatique, sigillaire et emblématique de la puissance féminine à la fin du Moyen Âge
Marion Chaigne-Legouy
Marion Chaigne-Legouy, « Titres et insignes du pouvoir des duchesses de la seconde Maison d’Anjou. Une approche diplomatique, sigillaire et emblématique de la puissance féminine à la fin du Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, 129-2, 2017
Extrait de l’article
Née en 1360 de la dévolution du duché d’Anjou par Jean II le Bon à son fils puîné Louis, la dynastie de la seconde Maison d’Anjou a prospéré durant un siècle, étendant progressivement, ou de façon intermittente, sa domination à d’autres territoires : comtés du Maine, de Provence et de Forcalquier, duchés de Bar et de Lorraine, royaume de Sicile. Les duchesses ont joué un rôle central dans la construction de cet État princier. Toutes sont entrées dans la famille par alliance matrimoniale. Elles lui ont apporté certaines possessions ou ont prolongé l’œuvre de conquête entamée par les hommes, lors de crises qui, interrompant le cours ordinaire du gouvernement, leur ont permis d’accéder à des fonctions politiques. Épouses, ces princesses reçoivent le titre de lieutenante générale lors des absences de leurs maris, souvent à la guerre. Mères, elles sont régentes au cours de la minorité des enfants princiers ou bien vice-régente lorsqu’un fils majeur, contraint à l’éloignement, décide de prolonger leur autorité sur toute ou partie des territoires qu’il dirige. Marie de Blois devient ainsi régente de 1385 à 1399, Yolande d’Aragon est successivement désignée lieutenante (1410-1411), régente (1417-1423) et vice-régente (1423-1435), Isabelle de Lorraine occupe la fonction de lieutenante de 1435 à 1438 et de 1440 à 1442. Enfin, Jeanne de Laval ne détient qu’une brève lieutenance en 1461.