Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des « perfides templiers » et la pontificalisation de la royauté française
Julien Théry
Julien Théry, "Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des « perfides templiers » et la pontificalisation de la royauté française", Médiévales, 60, 2011, p. 157-185.
Résumé de l’article
Après avoir rappelé les grandes lignes de l’affaire du Temple, l’article en esquisse une réinterprétation d’ensemble. L’analyse des sources émises par les instigateurs du procès, le roi de France Philippe le Bel et ses conseillers, est privilégiée. Une logique étrangère à l’histoire de l’ordre mais propre, en revanche, à celle de la monarchie capétienne présida aux événements. La « découverte » et la répression d’une « hérésie des templiers » furent la dernière étape d’un processus, commencé lors du conflit avec Boniface VIII, au cours duquel la royauté française s’appropria les fondements mystiques de la théocratie pontificale. Dans l’affaire du Temple, les légistes royaux achevèrent de sceller une nouvelle alliance entre Dieu et le Capétien. Défenseur suprême de la foi catholique, le roi était désormais investi d’une fonction christique. L’enjeu du procès des templiers fut la transfiguration du pouvoir royal.