Une page inédite de l’histoire de Charles d’Anjou
Louis Blancard
Blancard, Louis, "Une page inédite de l’histoire de Charles d’Anjou", dans Bibliothèque de l’école des chartes, 1869, tome 30, p. 559-567.
Extrait du texte
Lorsque Grégoire VII, déposé par le concile de Worms et par Henri IV, riposta en déposant à son tour l’Empereur, il ne fit pas seulement acte d’indépendance spirituelle : il attaqua le pouvoir temporel du premier potentat du monde. L’ingérence de l’Eglise dans les affaires féodales de l’Allemagne, était d’une audace étonnante à une époque où le clergé courbait la tête sous l’investiture laïque. Grégoire VII réussit dans son entreprise par l’effet de causes purement politiques. Les grands vassaux d’Henri IV, las de sa tyrannie et de ses vices, n’osaient se révolter; le Souverain Pontife ouvrit la porte à l’insurrection, et la victoire resta aux insurgés. Cette lutte suprême d’un pape contre un empereur a été nommée à tort la querelle des Investitures . Dès le début il n’était plus question de ce qui avait été le point de départ des hostilités ; Grégoire VII aspirait non plus seulement à l’indépendance du clergé, mais à la suprématie du Saint-Siège sur toutes les puissances de la terre. Le jour où Henri IV vint s’humilier devant le fier Hildebrand , celui-ci crut être arrivé à la domination universelle ; il tenait sous ses pieds l’Empereur, c’est vrai, mais un empereur sans empire. L’Eglise se méprit sur la portée de son triomphe. Néanmoins le fait fut érigé en principe, et les souverains pontifes qui succédèrent à Grégoire VII, recueillant religieusement le rêve ambitieux de ce grand homme, en regardèrent la réalisation comme nécessaire au complet exercice du pouvoir apostolique...